Nuremberg à travers le regarde de Monsieur et Madame Debenest – Dans les collections de la Maison d’Izieu Du 6 avril au 31 août 2025

Commissariat de l’exposition

Stéphanie Boissard, Responsable recherche, archives et documentation à la Maison d’Izieu

Marie Pellegrini, Chargée de recherche à la Maison d’Izieu

Nuremberg à travers le regard de Monsieur et Madame Debenest est la cinquième exposition temporaire de la Galerie Zlatin.

Elle emmène les visiteurs en 1945-1946 dans les coulisses du Tribunal militaire international, les transportant dans l’après-guerre, au cœur de la ville allemande à moitié détruite et de son palais de justice qui, lui, échappa aux attaques aériennes. Le public découvre les documents de travail et les archives personnelles de Delphin Debenest, l’un des magistrats membres de l’accusation française, ainsi que les dessins de sa femme Simone. En explorant les pièces présentées, il entre dans le quotidien de ces hommes et femmes qui ont assisté à ce procès historique fondateur de la justice internationale.

Invitation à imaginer la vie dans et hors du palais, cette exposition met la lumière sur le procès de Nuremberg d’une manière tout à fait originale, apportant non seulement le point de vue du couple mais aussi celui d’autres protagonistes tels que le juge suppléant Robert Falco.

 

Delphin et Simone Debenest

 

Croquis de Simone Debenest (c) Maison d’Izieu – Fonds Delphin Debenest
Ordre de mission de Delphin Debenest (c) Maison d’Izieu Fonds Delphin Debenest

Delphin Debenest est engagé dans la Résistance lorsqu’en 1941, il est arrêté par la Gestapo en 1944 et déporté à Buchenwald puis Holzen. Il s’évade en 1945 et est rapatrié en France. Dès octobre 1945, il rejoint son poste à Nuremberg  où il est notamment en charge du dossier sur les expériences médicales nazies pour l’accusation française.

Sa femme Simone le rejoint pour un mois en février 1946.  Elle s’installe dans la « galerie » en tant que visiteuse. Elle réalise des portraits des différents acteurs du procès sur papier et ajoute des annotations détaillées pour chacun, adoptant ainsi une approche similaire à celle d’une journaliste.

Nombre de ses dessins et notes sont exposés dans la Galerie Zlatin cette année.

L’Album de Nuremberg

une page de l’album de Nuremberg montrant le tribunal (c) Maison d’Izieu Fonds Henri Donnedieu de Vabres

Henri Donnedieu de Vabres, juge français, reçoit l’album le 26 juillet 1946, offert par le procureur américain Robert Jackson.

Les photos sont l’œuvre de Charles W. Alexander, photographe américain missionné pour documenter le procès de Nuremberg dès 1945. L’album contient 115 clichés couvrant les préparatifs, la ville, la prison, les interrogatoires et les portraits des équipes juridiques et des accusés.

Aujourd’hui, hormis un exemplaire se trouvant à la Bibliothèque du Congrès à Washington, il n’y a pas trace d’autres albums. Les photos sont conservées au Harry S. Truman Library and Museum à Independence, Missouri.

La famille Donnedieu de Vabres a fait don de ce témoignage visuel exceptionnel à la Maison d’Izieu en 2019.

 

(c) Maison D’Izieu Coll. Henry Alexander

Pourquoi une exposition sur Nuremberg à Izieu ?

 

Télégramme De Klaus Barbie Photostat (c) Maison D’Izieu Fonds Falco

Nürnberg est avant tout le nom d’une ville d’Allemagne située en Bavière au nord de Munich.

Elle a été choisie en 1945 pour accueillir les procès des criminels nazis en raison de ses infrastructures intactes et de son symbolisme. L’Accord de Londres du 8 août 1945 a établi le Tribunal militaire international, marquant un tournant dans la justice pénale internationale avec la définition du crime contre l’humanité.

La tragique histoire de la rafle d’Izieu est évoquée. Parfois mal orthographié, Izieu est cité à plusieurs reprises à Nuremberg. Durant le procès, apparaît aussi pour la première fois le telex de Klaus Barbie qui l’incriminera 42 ans plus tard.

C’est de la reconnaissance de ce lien qu’est née une certaine légitimité pour la Maison d’Izieu de conserver des documents relatifs au procès. Aujourd’hui, elle dispose dans ses collections des fonds Henri Donnedieu de Vabres, Robert Falco et Delphin Debenest : tous trois acteurs du procès, respectivement juge, juge suppléant et avocat général.