Hommage à Bernard Waysenson

 

Un ancien enfant d’Izieu nous a quittés. Bernard Waysenson s’est éteint le lundi 24 février 2025 à l’âge de 88 ans.

La Maison d’Izieu présente ses plus sincères condoléances à sa famille ainsi qu’à ses proches et tient à lui rendre hommage.

 

 

 

DE SES ORIGINES À IZIEU

Bernard Waysenson est le benjamin de la fratrie Waysenson. Il est né le 19 mars 1936 au Luxembourg.

Son père, Joseph, et sa mère, Jenta, sont tous deux polonais. En septembre 1929, son père quitte la Pologne pour la Belgique où il ne séjourne que peu de temps avant de se rendre au Luxembourg. Cordonnier de métier, il trouve un emploi dans une fabrique de chaussures.

Jenta et Léon, leur fils aîné né en 1928, le rejoignent. Puis la famille s’agrandit avec l’arrivée d’Adolphe en 1933, Hélène en 1935 et enfin Bernard en 1936. Ils sont très bien intégrés et Joseph ouvre même son propre magasin.

Le contexte international difficile amène Joseph à préparer un départ pour la France. Mais les nazis occupent très vite le Luxembourg et la famille est expulsée vers le Sud de la France en janvier 1941.

À Marseille, la vie est difficile. L’OSE contacte la famille pour prendre en charge les deux plus jeunes, Hélène et Bernard. Ils sont emmenés à Boulouris-sur-Mer puis à la Villa Mariana à Saint-Raphaël, échappant ainsi à l’internement au Camp de Rivesaltes.

Léon et Adolphe Waysenson
Bernard et Hélène Waysenson

Adolphe les ayant rejoints, ils partent tous les trois à la maison d’enfants les Lutins à Moûtiers-Salins avant d’arriver à Izieu en août 1943.

Bernard, âgé de 7 ans, repart de la Colonie avec Hélène et Adolphe le 30 novembre 1943. Ils rejoignent alors leurs parents et Léon à Goudargues dans le Gard. Ils restent ensemble quelques mois avant l’arrestation de leur père le 9 mars 1944 qui ne survivra pas à sa déportation.

 

 

 

APRÈS LA GUERRE

Bernard est pris en charge par des maison d’enfants jusqu’en 1950. Il termine ses études à Avignon où vivent son frère Léon et sa mère.

Il devient dentiste. Pendant ses études, il fait la rencontre d’Hélène, sa future femme avec laquelle il aura deux enfants.

Il est aussi international de rugby à XIII, champion de France avec Albi en 1961.

 

MÉMOIRE

Il entreprend un travail de mémoire dans les années 1980, notamment après l’inauguration du musée-mémorial d’Izieu à laquelle il assiste aux côtés de Sabine Zlatin et des anciens enfants d’Izieu. Bernard, militant dans l’association « Familles et amis des déportés du convoi 73 », effectue le voyage jusqu’à Kaunas. « Je ne saurai jamais où et quand est mort mon père… » – citation de la Dépêche du Midi.

Dans cette même interview accordée à Dominique Delpiroux de la Dépêche à l’occasion de retrouvailles avec d’anciens enfants d’Izieu, Bernard raconte « C’était la première fois que nous nous revoyions. Et nous avons décidé d’en parler. Le devoir de mémoire… »

Il était présent aux Journées de la Mémoire en avril 2024 à l’occasion du 80ème anniversaire de la rafle.
Il avait participé au 18/19 régional de RCF le 5 avril. [Écouter l’émission]

Bernard résumait son engagement auprès des jeunes et auprès d’Izieu en ces quelques mots : « être utile, apporter quelque chose, le faire avec devoir »

 

 

Il était un enfant d’Izieu, l’un de ceux qui ont survécu. Tout comme son frère Adolphe parti il y a quelques mois, il avait à cœur de faire vivre le souvenir des disparus. Nous prendrons soin de préserver la mémoire de cet homme généreux et bienveillant, ici à Izieu.