Séminaire de recherche LADEC – Maison d’Izieu
Regards interdisciplinaires sur les crimes de masse – Anthropologie, Droit et Histoire

« La place de l’enfance dans la guerre : subjectivité et expérience armée » –  Séance n°7

Vendredi 18 avril de 14h00 à 17h00

Pour la 7e séance de ce séminaire de recherche, Dejan Dimitrijevic du LADEC de l’Université Lyon 2 interviendra sur « Le ghetto, une métaphore qui camoufle souvent un réel outil d’anéantissement de groupes humains : le cas des populations serbes du Kosovo. »


Propos de la séance

Lorsque nous pensons aux violences de masse, ce qui vient le plus spontanément à notre esprit sont probablement les actes de tortures et d’exterminations physiques. Les violences exercées sur des collectivités peuvent néanmoins être également abordées par les conditions de vie sociale imposées à certains groupes en certaines circonstances.

Je propose d’analyser les conditions de vie sociale lorsque les situations exceptionnelles se prolongent et s’installent en devenant la norme d’un quotidien qui prend dès lors la forme d’une interminable parenthèse.

Pour développer cette réflexion, nous nous appuierons principalement sur le cas des populations serbes du Kosovo, qui vivent, depuis 1999, dans ce qui est aujourd’hui communément nommé, des « enclaves ». Nous verrons cependant que leurs conditions de vie correspondent à ce qui est généralement entendu sous le nom de « ghetto ».

Nous proposons donc de consacrer cette séance aux violences de masse spécifiques à la vie sociale telle qu’elle s’organise sous la contrainte d’un environnement intégralement hostile. Par la même occasion, nous tenterons l’esquisse d’une conceptualisation de la notion de ghetto, en mettant en lumière l’ambition constante de cette institution conçue par la papauté au moyen-âge: la disparition de la population ghettoïsée. Dans ce contexte, une attention particulière sera portée à la place de l’enfance, à la fois du point de ceux qui souhaitent voir disparaître la population du ghetto que du point de ceux qui aspirent à se maintenir biologiquement et culturellement.

 

Inscription visio/live

Ce séminaire est filmé et retransmis en direct.

Si vous souhaitez le suivre, il vous suffit d’en faire la demande : page d’inscription.

Séance du 18 avril, de 14h à 17h

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Vous pouvez accéder au replay des précédentes séances sur la page dédiée au séminaire de recherche : La place de l’enfance dans la guerre

Le projet global « Regards interdisciplinaires sur les crimes de masse – Anthropologie, Droit et Histoire »

Massacre, crime de guerre, crime contre l’humanité, génocide… autant de termes qui sont devenus objets du droit après la Seconde Guerre mondiale. La césure historique qu’a constitué cet événement est notamment signifiée par deux rejets fondamentaux : 1) la disqualification définitive de la raciologie et du classement hiérarchique des groupes humains, 2) la condamnation universelle de l’entreprise coloniale.

Ces nouveaux objets du droit ont principalement été formés sur la base des décisions judiciaires des procès des crimes de masse commis par l’Allemagne nazie. Ces instructions créent un nouveau cadre juridique, qui se donne pour ambition d’ouvrir une ère où l’élaboration de différentes convention et traités sont sensés contribuer à la domestication et à la maîtrise de la violence pour qu’elle ne devienne pas extrême. Néanmoins les grandes puissances se sont souvent abstenues de les ratifier afin de ne pas en subir les conséquences.

Depuis lors, les définitions données à ces qualifications juridiques sont en constante évolution. Les conflits et rapports de force contemporains nécessitent d’être pris en compte. Ces situations nouvelles impactent non seulement la perception des violences contemporaines mais elles contribuent aussi à reconsidérer celles du passé, remodelant ainsi les catégories. Certaines violences jugées désormais « extrêmes » sont mises hors la loi et comme telles, durement sanctionnables.

 

Qu’est-ce que le LADEC ? 

Le LADEC est la seule Unité de Recherche en anthropologie en Auvergne-Rhône-Alpes. Les recherches s’organisent autour de 2 pôles :

  •  « Mondes défaits/Mondes refaits » qui traite des situations de violences, de menaces et de transition incertaines, mais également aux processus de reconstruction, de production de savoirs et d’utopies.
  • « Natures incertaines, frontières du vivant » qui étudie les rapports des humains à leur environnement ou à la santé.

Ce séminaire s’inscrit dans les recherches du premier pôle. Il est né d’interrogations et problématiques issues des échanges entre le LADEC et la Maison d’Izieu.